J’avais envie de te proposer une série d’épisodes au sujet des relations aux autres qui peuvent être vécues comme challengeantes alors qu’elles sont aussi infiniment enrichissantes…
Quand on parle des relations aux autres, la difficulté de poser des limites refait très souvent surface… Je le vois très souvent avec mes coachées en séance individuelle ! Faisons ensemble le point sur ce que sont ces limites et comment tu peux les appliquer et les faire appliquer tout en respectant la personne en face…
Qu’est-ce qu’une limite, qu’est-ce que ce n’est pas?
Commençons par voir ce que sont les limites et ce qu’elles ne sont pas ! Une limite est une façon de prendre soin de soi et se protéger. Une limite ne se pose pas pour les autres mais pour soi ! Et elle ne sert en aucun cas à contrôler l’autre. On ne pose pas forcément une limite parce qu’on se sent agressé.e ou qu’on a peur de l’être. Elle nous aide à rester autonome et responsable dans la réponse à nos besoins. Elle doit être exprimée clairement à l’autre, et l’aide à nous comprendre en tant qu’être unique…
Il y a de nombreuses limites que tu n’as pas besoin d’exprimer car elles correspondent aux règles de la société et de la vie en communauté. Par exemple, tu n’as pas besoin de te balader en disant que tu ne veux pas qu’on te blesse et que si quelqu’un le faisait tu appellerais la police !
Mais quand tu désires faire respecter un besoin plus subtil, il est parfois nécessaire de l’expliquer… Quand on verbalise sa limite à l’autre, il faut penser à verbaliser aussi la conséquence si la limite n’est pas respectée. C’est très important parce que ça permet à l’autre de choisir s’il va ou non respecter ta limite en connaissance de cause !
Chacun sa paire de lunette pour voir le monde…
En effet, même si nous avons tous en tant qu’humain les mêmes besoins, nous n’en avons pas le même « dosage », et nous y répondons différemment en fonction de nos valeurs, de notre histoire, de notre façon de voir les choses. Avec un exemple tu vas vite voir ce que je veux dire… Nous avons tous un besoin de détente… Peut-être que toi tu vas y répondre en allant voir des amis ou en lisant un bon livre… Mais moi je vais répondre à ce besoin en allant marcher dans la nature… Si je ne mets pas de limites, et que je te laisse m’obliger à aller à une soirée entre amis pour la détente, alors que j’aurai préféré aller faire une petite rando, je n’aurai pas satisfait mon besoin de détente, et peut-être même que je ressentirais de la frustration, ou même un agacement vis-à-vis de toi… Et en même temps je n’ai pas exprimé ma limite, ni mon besoin… La culpabilité s’invite ! Elle me renseigne que je n’ai pas agis comme j’aurai dû pour remplir moi-même mon besoin de détente…
Une limite exprimée: un pont entre moi et l’autre!
Tu comprends le mécanisme et l’intérêt de la limite et le fait de l’exprimer clairement ? En plus le fait de l’associer directement à son besoin a deux avantages… D’abord, tu identifies ton besoin donc tu peux y répondre de façon adaptée. Et ensuite, tu aides l’autre à mieux te connaître et te comprendre…
Comment l’exprimer?
Pour exprimer une limite à l’autre, on exprime clairement sa requête et la conséquence si ce n’est pas respecté par l’autre. Cette conséquence devra être appliquée si la limite est franchie. C’est primordial ! Faire respecter sa limite ou appliquer la conséquence, est une forme de respect pour soi, une forme d’engagement envers soi. Faire respecter sa limite, c’est se faire respecter soi.
La limite que tu poses à l’autre concerne TOUS les autres quel que soit la nature de la relation entre vous… Perso, familiale, travail, vague connaissance… Tant que tu exprimes ton besoin et ta limite clairement et avec respect, sans vouloir contrôler l’autre ou que la conséquence annoncée n’atteint pas l’intégrité et la liberté de l’autre, tu as le droit de les faire respecter…
Par exemple, je ne veux pas qu’on m’insulte ou qu’on me manque de respect. Si quelqu’un commence à hausser le ton envers moi et mal me parler, je vais clairement lui dire : « Quand tu me parles de cette façon je ne me sens pas respectée… Si tu continues à me parler comme ça, je vais partir, quitter la pièce. ». Si la personne qui qu’elle soit, continue, je vais quitter la pièce sans autre explication, et sans me soucier de ce qu’en pense l’autre, même si c’est quelqu’un de proche ou un supérieur hiérarchique. Je veux qu’on me respecte en me parlant poliment parce que moi je me respecte et je me parle avec respect, et je n’autorise personne à mal me parler.
Une limite: une conséquence!
Même si ce n’est pas toujours facile, le plus souvent on arrive quand même à exprimer son besoin et la limite claire. On arrive souvent aussi à exprimer la conséquence que l’autre encourt s’il ne la respecte pas… Mais quand il s’agit d’appliquer la conséquence, ce n’est pas facile de l’assumer jusqu’au bout… Or c’est une étape primordiale ! Comment veux-tu qu’on respecte ta limite si toi-même tu ne la fais pas respecter ?! Souvent on ne va pas au bout parce qu’on craint l’opinion de l’autre, de son jugement… Et en revient à ce que je mentionnais un peu avant… Je commence à développer des sentiments de frustration et de colère vis-à-vis de l’autre, alors que c’est moi qui n’ai pas pris mes responsabilités… D’ailleurs, souvent ces frustrations et colère sont en fait dirigées envers soi, et prennent la forme de culpabilité ! Ça te parle ? Je suis sûre que oui !
Choisir de se faire respecter
Etablir des limites claires et les faire respecter, c’est un acte d’amour envers soi. C’est vraiment prendre la responsabilité de répondre à ses besoins. Ne pas laisser l’autre franchir une barrière clairement établie c’est penser qu’on est assez « aimable » et « respectable ». Assumer la conséquence exprimée c’est effectivement prendre le risque que l’autre ne le comprenne pas et se vexe, se fâche… Mais je te rappelle que tu n’es pas responsable des émotions de l’autre. Il ou elle choisit, tout comme toi, ses pensées dont découlent ses émotions, puis ses actes, etc… Et même si cette personne s’éloigne de toi, ou que toi tu t’éloignes, quelques temps, vous pouvez tout à fait vous retrouver plus tard en repartant sur de bonnes bases, plus saines. En faisant respecter tes limites, tu seras dans un état d’esprit d’amour, de connexion et de respect pour toi en premier lieu, mais aussi pour l’autre…
La limite : une preuve d’amour
Tu peux voir à quel point mettre une limite est une preuve d’amour, tout autant que de respecter la limite de l’autre… Je le répète, une limite se pose pour soi et non pas contre quelqu’un… Si tu veux mettre une limite à l’autre alors que tu ressens de la frustration, de la colère ou de la culpabilité, je t’invite plutôt de commencer par travailler les pensées et les raisons de ces émotions négatives. L’autre n’est pas responsable de ces émotions, puisque ce sont TES pensées qui en sont à l’origine ! L’autre, ses paroles, ses actes, sont neutres… Quand tu auras pris la responsabilité de tes émotions, travaillé tes pensées, identifié tes besoins, que tu seras plus calme et apaisé.e, tu pourras discuter avec l’autre pour lui expliquer quelle émotion tu ressens, quel besoin tu dois remplir, quelle limite tu veux poser et quel comportement tu vas avoir si l’autre franchi à nouveau cette limite. Quand tu poses une limite comme un acte d’amour, tu dois te sentir en paix avec toi-même, tu dois ressentir cet amour pour toi. Si tu ressens de la colère ou de la frustration demande toi si ce n’est pas parce que tu essayes de manipuler l’autre pour qu’il ou elle fasse ce que toi tu désires, ou si tu ne te « venges » pas de quelque chose qu’il ou elle a fait et que tu ne prends pas la responsabilité de tes émotions…
Je suis libre, et toi aussi!
Très important ! Tu n’as pas à exiger de l’autre qu’il ou elle change son comportement ou fasse ce que toi tu désires ! L’autre est responsable de ses actions et peut décider de respecter ta limite… ou pas ! Alors tu agis comme tu le lui as dit… Tout simplement… Même si ce n’est pas simple de le faire sans être dans la colère ou la rancœur… N’oublie pas que quand tu dis « non », tu dis « oui » à autre chose… Et là tu te dis « oui » à toi ! Il n’est pas nécessaire de se fâcher contre l’autre, de le culpabiliser… Peut-être a-t-il ou elle franchi cette limite parce que tu n’as pas l’habitude de la faire respecter ? Parce que tu n’as pas encore l’habitude de te respecter toi ? Si c’est le cas, reconnais-le et laisse du temps à toi et à l’autre pour s’habituer à ce changement…
Solution radicale : l’élimination totale!
Il arrive souvent que, quand une personne ne respecte pas notre limite plusieurs fois, nous décidons de l’éliminer de notre vie… Avant d’en arriver à une solution aussi extrême, tu peux aussi voir ta relation avec cette personne comme une opportunité de justement travailler ta capacité à établir des limites claires, à exprimer tes besoins et à te faire respecter… Surtout si la personne fait partie de ta famille ou de ta vie depuis longtemps, tu peux t’interroger sur ce qu’il ou elle peut t’apprendre sur toi…
Mettre des limites est un acte à la fois formidable et très difficile. Il demande du courage, de l’amour, du respect et une certaine connaissance de soi… C’est une façon d’être authentiquement soi avec les autres ! Une limite est un acte d’amour qu’on établi pour soi et non contre l’autre. Quand elle est posée avec respect, elle est une façon formidable de se mettre en relation avec l’autre sainement et qui convient à tout le monde… Cela permet de cohabiter et construire avec l’autre tout en restant soi !
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